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Une longue nuit.

Une longue nuit I.

« J’ai 18 ans, 20 ans, 23 ans;
Je suis étudiant et je n’ai pas trop d’argent.
Je donne des cours de français, d’histoire-géo et de philo
Pour me payer des formules déjeuner à 5€,
Des pleins d’essence et des Marlboro.
En classe, je dessine, je griffonne et je regarde à la fenêtre.
Les échos de mes professeurs, selon l’heure, me bercent et font naître
Des romans épiques dans telle mer ou tel désert: moi aussi, je m’en irai.

J’ai 18 ans, 20 ans, 23 ans;
Je suis en Allemagne, en Angleterre, en Australie:
A Berlin, à Liverpool, à Canberra pour être précis.
Je vais à Prague, à Sydney et à Dublin.
Je suis avec mes copines de ces années là ou des copains.

A chaque histoire, il est déjà tard:
Nous voyageons de nuit pour des raisons d’économie.

Ici, nous traversons des forêts noires
Et des éclairs tapent sur nos yeux presque endormis:
Le paysage se découpe en cadence de « flashs » et de « Boums ».
Dans le bus de nuit, on se regarde interrogateur.
Et c’est au tour de la pluie pour que cette nuit promette l’infini.
L’atmosphère n’est pas lourde pour autant,
Chaque voyageur est attentif au moindre mouvement
Et accompagne le chauffeur avec patience et douceur.
C’est une forme de torpeur qui s’étire au delà de la peur;
Dans le fond, une petite pointe de bonheur partagée,
Très légère, très fragile, prête à nous échapper.


Là, nous attendons de traverser la mer d’Irlande
Sur un site portuaire désert et le bateau est à quai:
Je revois encore son ombre immense se dessiner
Et se balancer; s’éloigner et se rapprocher dans l’air glacé
Et salé jusqu’à me déséquilibrer, à me laisser muet.
A présent, nous sommes à bord. En véritables marins
Nous découpons les vagues à l’âme de fer de l’amer,
Une aigreur d’estomac; les douleurs de la chair.
Les voyageurs endormis gardent un air chagrin
Sur leur visage flou et gisent à même le plancher.
Trois cafés avalés, vingt-deux cigarettes entamées puis jetées
Jusqu’à notre arrivée.

Ici encore, nous sommes dans un bus Greyhound
En direction de Sydney; en direction de là bas, de l’ailleurs.
Je pourrais dormir, je pourrais même essayer que j’y arriverais.
Le ronron du bus me berce et les eucalyptus se font conteurs:
Ils me racontent l’histoire de l’inconnu et m’en vantent ses attraits,
Ses couleurs, ses traits, ses odeurs, ses interrogations: mille questions.
Quelles odeurs ont les rues, celles des gens? Quelle est la taille de la ville, celle des gens?
Est ce différent de Canberra? En quoi? Et pourquoi cherche-t-on le différent?
Les eucalyptus s’en vont maintenant et la ville pénètre mon imagination.
C’est une ville, comme j’en connais cent, mais elle n’est pas celles là;
C’est une ville qui m’appelle et qui me dit que je ne dormirai pas cette nuit.

J’ai 18 ans, 20 ans, 23 ans;
Le soleil se lève sur le pont Charles, sur le port de Dublin et sur la CBD de Sydney;
Et je marche dans ces rues qui se réveillent avec dans les poches un peu de la magie que la nuit a bien voulu me laisser avant d’aller, moi aussi, commencer ma journée en allant me coucher.


Une longue nuit II.

J’ai 8 ans, je suis un enfant et je suis en CE2;
Je pourrais en avoir 10, 12, 16, 18, 22.
Ce soir, je me suis couché vers 9h comme tous les soirs.
Je suis dans mon lit, je lis ou je me raconte des histoires.
Mais aujourd’hui, je ne suis pas très heureux;
Il s’est passé quelque chose en classe qui m’a fait peur:
On faisait la chorale quand un garçon est tombé.
Il est tombé, comme ça, et sa tête a tapé
Contre le lavabo parce qu’il était sur le côté.
La maîtresse a hurlé de nous écarter,
Elle l’a relevé et tout son corps s’est mis a gigoter
Et il faisait des grands bruits. Ca m’a donné
Envie de pleurer, ça m’a vraiment bouleversé.
Et après il ne bougeait plus, je voyais la terreur
Dans les yeux de la maîtresse et un air fiévreux.
Elle lui donnait des petites claques sur la tête,
Il a rouvert les yeux et a fait un grand bruit
Comme si il n’arrivait pas à respirer
Puis petit à petit, il s’est calmé
Il a bu un verre d’eau et la classe a continué.
Moi, je n’arrivais plus à bouger,
Je me sentais complètement paralysé,
J’étais tout contracté, j’avais la nausée
Et surtout je n’arrivais plus à penser.
J’attendais avec impatience que ce soit fini
Pour rentrer à la maison et que ça s’arrête.
Mais quand je suis arrivé, je me sentais bloqué
Et là, je suis encore tout chamboulé.

Je me dis qu’il aurait peut être pu mourir
Alors je n’ai pas du tout envie de dormir
Parce que peut être que je ne me réveillerais pas
Et ça, ça serait horrible de partir comme ça.
Moi, j’ai envie de vivre et de grandir
Et quand je serai vieux je pourrai mourir.
Mais là, c’est pas possible, et pourtant ça arrive;
Il y a des petits enfants qui meurent.
Quand j’étais en CE1, j’avais un copain qui
S’appelait Jimmy et un jour il est parti.
Alors je me suis dit que peut être Jimmy
Il est mort. On ne nous a rien dit!
Mon copain Lucas aussi:
On lui a fait de la chirurgie
Parce qu’il avait une maladie
Mais il n’est pas mort, c’est encore mon ami.
Et puis, il y a plein plein plein de méchants
Comme les voleurs d’enfants,
Et puis ceux qui veulent tuer mes parents,
Et puis ceux qui cambriolent de l’argent.
Quand je suis dans la rue, je peux courir
Mais quand je suis à la maison je ne peux pas m’enfuir.
Alors peut être qu’un jour, on va mourir
Comme ça. Et je n’arrive pas à leur dire
A mes parents et à mon frère qu’ils sont en danger.
Et moi, je voudrais devenir très musclé
Pour pouvoir tous les taper et les tuer
Comme ça je pourrais les protéger
Comme Sangoten, Robin et Carapuce
Boum: hydro-canon ou Kamé Hamé Ha
Dans leur tête aux méchants!
Bon, mais penser à tout ça, ça me fait peur
Il faudrait que j’aille dormir avec mes parents
Mais je sais que Papa ça l’embête quand je fais ça,
Maman aussi, elle est en colère à chaque fois.
Elle me dit « oh pas encore, pas cette nuit là,
Retourne dans ton lit où dors sur le sol à côté de moi. »
Alors, j’ai hyper pas envie de les réveiller,
Ils travaillent et tout demain.
Je vais me glisser, être invisible et ne plus bouger
A côté de leur lit, après je pourrais dormir tranquille.
Et c’est vrai, tous les méchants disparaissent,
Il est 4h du matin et demain j’ai une auto-dictée,
J’espère que ça va bien se passer!

J’ai 8 ans, je suis un enfant et je suis en CE2
Mais j’aurais pu en avoir 10, 12, 16, 18, 22 et avoir d’autres raisons de ne pas réussir à m’endormir. Bien souvent, complètement irraisonnées mais qui tournent à me faire perdre pied. Je ne dors pas et je demande à mon ange gardien inlassablement la même chose « s’il te plait, fais que je ne sois jamais sourd, muet ou aveugle, que je respire parfaitement bien et que je ne pense qu’à de très belles choses, merci ange gardien ».
Je suis terrorisé par la probabilité de ce qui pourrait arriver, par n’importe quoi, par la peur elle même, le vide, le rien, le néant, mais peut être aussi par le bonheur et par le mouvement. »


Une longue nuit III.

« J’ai 14 ans, on est en juin et les vacances commencent;
On a la rue et la vie devant nous; on est capable de tout;
On ne sait rien de rien et on se dit que ça serait bien
De penser à grandir, de pouvoir choisir à comment se détruire.
Nos parents nous regardent encore comme des enfants
Alors on en profite mais on est des grands maintenant.

Je me souviens qu’un jour on a décidé de commencer à fumer:
On est dans le train de banlieue pour aller à Paris un après midi
Histoire de rien, histoire de… quoi… histoire de bouger un peu.
On s’arrête à Saint Paul parce que le pote d’un pote dit que c’est top
_ Il y a des friperies et tout et tout _ et puis c’est plutôt joli…
Et on s’assoie Rue de Rivoli à une terrasse de café pour commander.
On est tous un peu emmerdé parce que personne ne l’a jamais fait
Alors un de mes copains demande ce qui nous coûterait le moins;
Le serveur nous dit qu’un café c’est 2.10. On en commande 6.
L’odeur est agréable mais le goût amer me laisse une moue
De dégoût et un pouls apparent sur mon t-shirt trop grand.

Le couple de la table à côté boit aussi du café; le mec est stylé:
Cheveux bouclés, jean délavé un peu serré, espadrilles à lacets,
Regard myope plissé sur la fumée qu’il vient de tirer.
Sa copine me laisse rêver: elle lui donne un petit bisou
Sur la joue, qui, j’imagine, à ce moment, me fait plus d’effet
Qu’à cet enfoiré. Je la regarde bouche bée, complètement absorbé.
Je ne me souviens ni de sa couleur, ni de son odeur;
A ce moment elle devait représenter ce que je me devais de désirer:
La femme ou un concept lié à la sexualité dont j’étais complètement étranger.

Sur le trajet du retour, je suis songeur: le mec était un fumeur;
Le mec était surtout un putain de tombeur.
Je descends à la gare des Vallées avec un pote
Et je lui demande s’il voudrait pas qu’on se trouve des clopes.
Il me suit. On se dit qu’on ferait bien d’essayer de demander
Aux passants dans la rue, qu’au tabac on se ferait rembarrer.
Alors, une personne, deux personnes, trois personnes, rien;
Ou plutôt des « Vous être trop jeunes, fumez pas, c’est pas bien! »
Oui, mais nous on s’en fout et puis fumer ça nous rendra mortels.

Bon. Il commence à se faire tard et il faudrait penser à rentrer.
Alors, on se dit qu’on pourrait demander à nos parents de dormir
L’un chez l’autre pour esquiver les problèmes avec l’autorité.
Il est 8h du soir, on a 15-20€ en poche, la nuit et la rue à loisir.

On recommence: une personne, deux personnes, trois personnes, rien.
Par moment, on n’ose plus demander; complètement démotivé,
On reste silencieux, le regard vide et sans pensée, on se sent vaurien,
On se dit que ça ne sert à rien mais on est obligé de rester sur le pavé.
L’heure tourne, on a faim. On passe chez l’épicier pour s’acheter un coca,
Des chips et des bonbons. On ressort et on se fait des pâtés de maisons.
On cherche un endroit tranquille pour pouvoir manger et on finit sur le toit
De l’église Sainte Marie qu’on escalade en deux-trois prises, en deux-trois bonds.

A cet âge là, on est moche comme des poux, des grands enfants qui n’ont pas
Fini de grandir : Des grands pieds, des grands bras et un petit visage tout con.
Et puis, on essaye de s’habiller à la mode, comme les autres surtout
Parce qu’on a peur de pas être dans le lot, d’être là trop tôt ou bien trop tard.
C’est aussi l’heure de l’aventure; des filles, de leurs nichons et des bisous
Avec la langue-salive qu’on fait tourner comme des soiffards, comme des tocards.
Cette nuit là, il faudra qu’on en parle comme d’un exploit, on ne peut pas s’arrêter là.

On repart au combat. Je ne sais pas à combien de personnes on a demandé
Ni combien de techniques différentes on a essayé pour gratter…
Peut être une cinquantaine. Il se fait de plus en plus tard
Et du coup les gens se font de plus en plus rares.
Il doit être quoi? Onze heure trente-minuit et on s’apprête à aller se caler
Dans les escaliers de mon immeuble pour se reposer
Quand on croise un mec qui commence à nous parler:
On est à côté de chez l’épicier et on se dit qu’on pourrait lui demander
De nous acheter un paquet de cigarettes. Le mec prend le billet
Et rentre chez le reubeu. Il ressort avec un paquet et un briquet.
On lui donne cinq mèches et il dit qu’il ne fume que des pétards,
Il nous demande si on veut un stick mais « on ne sait pas ce que s’est
Et puis on est déjà vraiment très satisfait de ce qu’il a fait
Et puis nos parents nous attendent et il commence à être tard. »
A ce moment, mon pote se met à détaler comme un dératé,
Sans réfléchir je le suis plein d’adrénaline et lui hurle de s’arrêter.
Il est déjà loin quand je le rattrape dans une petite allée.
Il se tord de rire et me tape dans la main, fier de notre succès.



La première bouffée me déchire la gorge,
Me donne envie de gerber,
Me donne envie de chier,
Elle a surtout le goût de la liberté.
J’ai 14 ans, on est en juin et les vacances commencent;
On a la rue et la vie devant nous; on est capable de tout.


Une longue nuit IV.


« J’ai 22 ans, je suis étudiant et je suis amoureux.
Je pourrais en avoir 6, 10, 16, 18 ou 20;
Un grain, un timbre, un simple petit rien;
Une image qui se fige comme un refrain
Et je n’ai d’yeux que pour eux, les siens.
« Ça sera elle jusqu’à ce qu’elle s’efface
Pour laisser la place à de simples traces
Qui résonneront par échos néfastes
Jusqu’à ce que je les terrasse;
Jusqu’à ce que je la remplace. »

J’ai 22 ans, je suis étudiant et je suis amoureux.
Ce soir, comme tous les soirs, je vais la voir;
Je prends la voiture. Elle sera en retard,
Je l’attendrai sur le trottoir.
Ce soir, comme tous les soirs, elle sera en retard:
Entre 30 et 45 minutes et moi je serai
Garé comme une merde sur une place handicapé,
Sur un bateau ou sur une place réservée aux livraisons.
Ça, elle s’en fout. Elle ne comprend rien de toute façon.
Je fumerai une dizaine de cigarettes en l’attendant
Et elle arrivera, elle arrive toujours, avec le sourire.
Elle me serrera la main histoire de me faire courir;
Histoire de me dire que je me dois de la conquérir
Chaque jour pour son plus grand plaisir.
Je lui sourirai avec détachement
Histoire de me dire que j’ai encore un peu d’ego
Et qu’il m’arrive encore de pouvoir avoir mon mot.
Elle me dira: « Où on va? Démarre la gova! »
Je lui dirai: « Je ne sais pas, tu en penses quoi? »
Et là, on commencera peut être à se disputer
Parce que je n’aurai « pas l’air motivé de vouloir bouger;
Que parfois je devrais faire un effort pour la faire rêver,
Pour la faire voyager et lui promettre de l’emmener
Loin, ailleurs: dans un monde plus coloré. »
J’aurai les boules et j’aurai envie de la bousculer,
De la violenter pour la ramener à la réalité.
(Plus tard, je remarquerai que c’était peine perdu d’essayer)
Alors je me tairai, j’allumerai une mèche et je démarrerai:
Je prendrai les quais à Neuilly que je suivrai jusqu’à
Boulogne, puis on arrivera à Paris par le bas
Et on divaguera jusqu’à ce que j’en sois las.
Je serai calmé, elle aussi, on n’aura pas parlé.
Je l’inviterai à nous arrêter et à aller dans un café,
Elle me caressera la main et je me sentirai bien
Pour la première fois de la journée, enfin.
En sortant de la voiture, il fera froid parce c’est l’hiver,
Elle me prendra par le bras et se collera à moi,
On marchera lentement et nos pas résonneront sur le sol froid;
On parlera doucement sans chichis, sans manière
Comme si la route avait effacé tous nos doutes,
Comme si l’on pouvait parler sans que l’on redoute
Que l’autre nous blesse. A présent, ça ne sera que des caresses;
Deux cœurs en fête de se retrouver, de pouvoir s’aimer.
A la table la plus éloignée de la terrasse du bistro
Nous commanderons deux cafés, trois sucres, deux verres d’eau.
Nous ne parlerons de rien, d’un flou qui nous fait du bien
Jusqu’à ce que l’on nous chasse vers deux heures du matin.
Nous reprendrons la voiture pour retourner en banlieue
Mais nous ne nous quitterons pas; non, sinon ça va recommencer:
Toute la peur d’être délaissés jusqu’à se haïr, jusqu’à se blesser.
Nous resterons ensemble, c’est ce qu’on fait de mieux.
Nous ne parlerons ni du futur, ni du passé;
Ni de ce qui se passera, ni de ce qui s’est passé;
Nous resterons ensemble à essayer de ne pas comprendre
Que nous ne pourrons jamais être ensemble.

J’ai 22 ans, je suis étudiant et je suis amoureux.
J’aurais pu en avoir 15 et passer la nuit dans une chambre à balbutier, à tâtonner, à écorcher un peu de la pureté, un peu de la naïveté que je m’empressais de bafouer pour enfin connaître la vérité. Je me souviens d’avoir regardé avec les mains la couleur de ses seins pour descendre en douceur entre ses reins; la fraîcheur de sa peau, toutes les odeurs de son corps et les palpitements de mon cœur.
J’aurais pu en avoir 16 et passer la nuit sous le pont Bir Hakeim au mois de janvier alors que je venais de la retrouver après avoir été en soirée et rester enlacés jusqu’à ce qu’on ne puisse plus bouger, complètement glacés en attendant que le jour se lève, que le rêve de la nuit nous enlève.
J’aurais pu en avoir 17 et passer la nuit  dans un immeuble désaffecté avec une fille qui ne devais jamais exister, dont personne ne devait connaître l’identité si je ne voulais pas me faire attraper entrain d’assouvir des désirs de jouir d’un autre code de plaisir, entrain de me trahir, entrain de lui mentir, entrain de la salir.
J’aurais pu en avoir 18, 19, 20, 21, 22.
J’ai 22 ans, je suis étudiant et je suis amoureux. »


Une longue journée.

« Et chaque jour qui suit toutes ces nuits est un parcours d’aigreurs à l’estomac, de nausées, de manque de confiance en soi, de cœur vide, d’yeux gonflés, de siestes à moitié commencées, à moitié achevés, de rêves éveillés, de réalité déformée, de souvenirs repassés, de mots entendus, oubliés, retenus; de ciels pluvieux à se dire que c’est la dernière jusqu’à la prochaine et à se perdre dans un monde gazeux sans repères, mon cerveau n’imprime que des jeux de mots pris en l’air et l’air de rien Lucifer et sa lumière s’éloignent pour me laisser inerte dans une nuit qui se doit de commencer, dans un corps qui promet de se laisser aller.
La descente est lente et blessante, je tombe lentement et lentement chaque nerf se relâche, chaque fois un peu plus loin dans mon corps et je me répète comme un prière « s’il te plait ange gardien, fais que je ne sois jamais sourd muet ou aveugle, que je respire parfaitement bien et que je ne pense qu’à de très belles choses, s’il te plait ange gardien, s’il te plait, s’il te plait, s’il te plait ange gardien, s’il te plait, s’il te plait, s’il… » »

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